IndexMatic³, outil de génération d’index dans InDesign, présenté par son auteur Marc Autret
Fondateur d’Indiscripts, il vient de sortir IndexMatic³, un script dédié à la génération d’index dans InDesign.
C’est un outil permettant de préparer et de produire l’index d’un livre sous InDesign (quand personne n’a eu le temps, l’idée ou la compétence de le baliser en maquette). Par exemple, l’index des personnes citées dans une biographie, la table des produits référencés dans un catalogue, etc. Selon les consignes reçues, IndexMatic peut extraire toutes sortes d’éléments : patronymes, contenu des notes, textes stylés, vocabulaire.
Le principe d’un index est enfantin : fournir aux lecteurs un dispositif de renvoi, à partir d’une liste alphabétique de termes, vers les pages qui correspondent. Toute la difficulté est de définir des rubriques pertinentes et de leur associer ces fameux numéros de page. Cet exercice concerne surtout les éditeurs de livres, imprimés ou numériques, et spécialement ceux confrontés à du texte-fleuve, difficile à analyser « à la main ».
Dans le domaine de la non-fiction (essais, documents, guides pratiques), un livre sans index n’est pas publiable. Souvent, parce qu’il est le mieux placé pour sentir les points d’entrée, on demande à l’auteur de prédéfinir les rubriques à indexer dans l’ouvrage. Sauf que l’auteur ne connaît pas a priori la structure définitive du volume tel qu’il reviendra de la compo. Donc il faudra de toute façon rétablir une correspondance conforme à la mise en pages. C’est là qu’IndexMatic entre en scène. En gros, il va t’éviter de repointer une à une toutes les occurrences de, mettons, 200 mots-clés, dans un bouquin de 450 pages !
C’est stimulant de voir surgir des pros connaissant toutes les ficelles de ton produit et le poussant dans ses retranchements. Je me souviens de cet éditeur — anglais je crois — qui avait mis au point des requêtes IndexMatic incroyablement sophistiquées pour digérer une bible de plus de 2 000 pages. Ça fonctionnait, mais je voyais bien les contorsions qu’il devait faire pour que le programme obéisse à tous les critères. Entre les mains de ces virtuoses, il fallait un outil expert, plus flexible, capable de mesurer la densité des mots, leur contexte, les variations orthographiques indésirables… Quelque chose de l’ordre du contrôle en amont en fait. La nouvelle version répond à ce niveau d’exigence. Les coupables, ce sont les utilisateurs !
En tout cas, IndexMatic est conçu et développé comme un logiciel. Il ajoute à InDesign un module fonctionnel sans équivalent dans l’application hôte (le panneau « Index » ne fournit pas du tout les mêmes services). Donc, oui, le terme extension serait sémantiquement plus pertinent. Mais on s’arrache les cheveux pour lui trouver un synonyme valable. J’aime bien le mot solution par exemple, même s’il est un peu flou. Au-delà des querelles de clochers, ceux qui tranchent la question de la valeur d’un produit — je veux dire sa valeur réelle, pas symbolique — ce sont de toute façon les utilisateurs.
Ensuite, entre la théorie de l’expérience utilisateur et ma pratique réelle, je ne te cache pas qu’il y a une lutte intérieure. Theunis de Jong, développeur génial que nous avons perdu fin 2020, avait ce syndrome dans lequel beaucoup de programmeurs à l’ancienne se reconnaîtront : il produisait explosivement du code, pour la beauté de l’art, mais rien ne le soûlait autant que de finaliser l’UI, le manuel d’utilisation, etc. Nous avons tous un peu ce syndrome.
Mais quand on commercialise un produit professionnel, la sagesse doit finir par parler aussi fort que la passion. Ma passion c’est l’algorithmique et l’optimisation, trouver le code qui rend possible et efficient un processus qui semble hors de portée. « Épater la galerie », écrivait Theunis. Et puis la raison pragmatique me force à travailler plus froidement sur l’interface, le manuel, la communication en général, parce que c’est la seule façon de donner du sens à tout le reste.
Je ne vais pas entrer dans des détails soporifiques. Développant des scripts (solutions ?) pour InDesign depuis une vingtaine d’années, disons que j’ai assimilé deux ou trois choses fondamentales dans ce secteur, alors j’ai décidé de partager mon outil de travail. Chemin faisant, j’en suis arrivé à une sorte de prototype métier qui recouvre ce qu’on peut automatiser dans cette appli et comment l’automatiser. Contourner les bugs connus, mettre en facteur des opérations récurrentes, etc. IdExtenso est un peu un manifeste en ce sens qu’il propose un angle original sur ces questions, avec des composants prêts à l’emploi.
Précision toutefois : « destiné à simplifier l’écriture de script », oui, mais pas « simple » lui-même. IdExtenso s’adresse à des développeurs maîtrisant le JavaScript et notamment sa nature fonctionnelle. Sa vocation serait plutôt de professionnaliser le scripting. Pour faire une analogie, un framework C++ (Boost par exemple) ne simplifiera en rien la vie d’un programmeur qui ne connaît pas le C++ !
Il faudrait aussi donner à l’utilisateur le plein contrôle des « mots vides », régler cette histoire de presse-papier (pas si simple d’ailleurs), envisager peut-être un export de l’index au format JSON, améliorer l’articulation des références « voir aussi » vis-à-vis des rubriques et sous-rubriques, fournir une sortie dite en index inversé… La question la plus difficile, c’est la prise en compte de ce qu’on appelle dans le jargon le mode astral, c’est-à-dire l’Unicode étendu dans les expressions régulières. (Je ne possède aujourd’hui que des solutions partielles à ce problème, qui concerne plus particulièrement les utilisateurs CJK.)
J’ai donc du pain sur la planche ! Sans parler des bugs qui vont sortir du bois pendant le lancement. Aujourd’hui j’ai corrigé une inconsistance qu’un utilisateur m’a signalée ce matin. Donc, les semaines à venir, je vais surtout les consacrer à stabiliser la version fraîchement sortie. Répondre vite et bien aux sollicitations de ceux qui investissent dans le produit et l’ont déjà adopté comme outil de production.
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