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On vous dit tout sur les agents d’illustrateurs

Par Loïc Marteau, publié le 20 janvier 2023

Conférence Agents d’illustrateurs – 03/12/2022

Le 3 décembre dernier, à l’occasion des puces de l’illu organisées par le Campus – Fonderie de l’image, nous avons eu le plaisir d’animer une table ronde sur les agents d’illustrateurs.

Les protagonistes :
Alice Des, illustratrice (avec un passé d’agent)

– Marion Turminel, agent d’illustrateurs et fondatrice de l’agence Pekelo

– Loïc Marteau, co-fondateur de Swash

Nous vous proposons dans cet article une restitution des 10 grandes questions sur lesquelles Alice et Marion ont échangé pendant cette table ronde.

1 – Qu’est-ce qu’un agent ?

Il y a différents types d’agents d’artistes : des agents de comédiens, des agents littéraires, des agents d’illustration (commerciale, édition). Ces derniers sont chargés de représenter une équipe d’illustrateurs/trices ou d’artistes auprès de leurs clients et prospects (marques, presse, édition).
Il est important de différencier apporteur d’affaires et agent. L’apporteur d’affaires trouve des contrats, scelle le deal et laisse ensuite les protagonistes gérer seuls le projet. L’agent, comme on le verra ensuite, a un rôle d’accompagnant plus global et transverse quant aux missions qu’il mène auprès de l’artiste. 

 

2 – Quel est son rôle ?

Principalement de recevoir les briefs, de négocier les budgets, de relire les contrats et parfois les signer à la place de l’artiste, de gérer la facturation.
Il doit également démarcher des nouveaux clients et apporter des affaires… Même si c’est un aspect de leur métier souvent trop idéalisé par les artistes qui les démarchent. 

Pour résumer, l’agent est un « grand facilitateur ». Dans un monde merveilleux, l’objectif serait que les artistes n’aient, s’ils sont accompagnés par un agent, rien d’autre à faire que créer !
L’agent agit donc : 

– En amont des projets, avec la mise à jour des portfolios, la définition d’un storytelling pour communiquer autour de l’artiste, du démarchage (global pour tous les artistes de l’agence ou personnalisé)

– Au cours des projets, en faisant en sorte que clients et artistes parlent le même langage lors des briefs, en posant le cadre contractuel, en étant vigilant à ce que ce cadre soit respecté, en négociant d’éventuelles prestations ou cessions de droits additionnels, en rassurant l’artiste s’il stresse ou a des cas de conscience créatifs…

– En fin de projet, en s’occupant de la facturation et du suivi de paiement, en poursuivant le relationnel auprès du client pour faire naître des projets ultérieurs… 

 

3 – Quelle relation entretenir avec son agent ?

Ni employeur, ni employé et pas comptable non plus.
En fait, il y a autant de relations que d’artistes et d’agents ! Les points clés, comme dans toute relation, c’est la transparence et la confiance mutuelle.
Du côté de l’agent, c’est fondamental de bien connaître les besoins et la personnalité de ses artistes (cela se construit sur le long terme).
Certains artistes sollicitent leur agent pour les conseiller créativement mais au contraire sont très autonomes dans le relationnel client. D’autres sont timides avec les clients mais ont moins besoin d’un regard extérieur sur leur travail. Certains détestent parler d’argent et souhaitent, par exemple, ne jamais être en copie de la moindre négo avec le client… Quand d’autres veulent tout savoir !

Le compte Insta parodique intitulé « Vismaviedagent » décrit son métier ainsi : agent d’artistes ascendant maman-papa, prêtre, psy, péripatéticienne, ami.e, valet, traître, requin, punching-ball, faiseur de miracles (ou pas)

 

4 – Comment se rémunère un agent ?

Les agents se rémunèrent par des commissions prises sur les contrats. Souvent, une grille de commission s’applique en fonction des secteurs. En moyenne 30% pour la communication, 20/25% pour la presse, 15% pour l’édition. Attention à ceux qui veulent être payés autrement : en avance, par forfait ou au mois : souvent ce sont des arnaques. Il peut arriver, de manière très ponctuelle, que les agents participent à des événements très coûteux pour faire de la prospection (salon ou autres) et qu’ils vous demandent de participer mais ça doit être absolument exceptionnel, et vous devez toujours avoir la possibilité de refuser. C’est également important de savoir comment ils procèdent sur les petits budgets : certains agents autorisent les artistes à les prendre en direct (c’est toujours bien d’en parler ensemble). 

Selon les projets, l’agent peut proposer aux artistes de baisser sa commission quand le projet est plus chronophage que prévu. Parfois, ce sont les illustrateurs qui proposent de l’augmenter s’ils passent peu de temps sur un projet. 

 

5 – On parle d’exclusivité… Qu’est ce que c’est ? 

Les agents font signer un contrat d’exclusivité : tous les nouveaux contrats (dans la limite de territoire évoquée après) doivent passer par eux ; même si les clients vous contactent en direct. La raison est que pas mal de clients voient les artistes sur le site d’une agence et essaient de contacter l’artiste en direct pour payer « moins cher ». 

Au niveau du territoire, les règles varient selon les agences. Certains agents font par défaut un contrat « Monde »  et incluent une possibilité de se rapprocher d’un sous-agent ou de renoncer à un territoire si une opportunité se présente pour l’artiste. L’agence met souvent en avant le fait que ça leur permet de démarcher des gros clients à l’international, même s’ils n’ont évidemment pas la force de frappe d’un agent directement implanté sur un territoire. L’autre avantage à prendre en compte, c’est la capacité d’un agent français à défendre les droits de ses artistes (la France a un code de la propriété intellectuelle et artistique très protecteur) et notamment par rapport à des clients anglo-saxons dont le droit est beaucoup moins protecteur. 

 

6 – Et mes clients d’avant ?

Dans ce cas, il est d’usage pour l’artiste de conserver ses clients (actuels et passés) en direct et que l’agent ne prenne donc pas de commissions. Si ce n’est pas précisé dans le contrat, l’illustrateur peut demander à l’agent que ce soit écrit. Pour éviter des quiproquos relationnels, des spécificités peuvent être prises en compte si certains clients de l’artiste sont aussi des clients de l’agence.

 

7 – La durée du contrat ?

Tout contrat doit avoir une durée. Dans la pratique, c’est souvent entre 2 et 3 ans renouvelables automatiquement. Signer pour 1 an ou moins est souvent peu pertinent car la mise en place d’une collaboration avec des partenaires prend du temps. Les agents ont beau démarcher, il faut que les prospects identifient l’artiste et trouvent des projets en phase avec son univers.

L’illustrateur doit toutefois s’assurer, à la signature du contrat, qu’en cas de soucis il pourra le rompre assez simplement (par lettre recommandée avec un préavis acceptable pour les 2 parties et après avoir bien sûr finalisé tous les projets en cours).

 

8 – Une fois le contrat signé, ça se passe comment ?

L’agent reçoit un brief et il le propose ensuite à l’artiste. Il vérifie qu’il est dispo et prêt à bosser sur ce projet avant de répondre au client (ça parait évident mais… il y a parfois des surprises). 

L’agent fait le devis et, à l’issue du projet, il facture au client la somme totale (il gère aussi les éventuelles relances en cas de non-règlement). C’est également l’agent qui doit endosser le rôle de « gendarme » si le client sort du cadre défini ou dépasse le nombre d’allers-retours prévus dans le devis.

Les règles de la relation agent / illustrateur doivent être tout aussi claires : à quel moment envoyer la facture, les délais de paiement, comment ça se passe si le client a un retard de paiement ou ne paie pas…

 

9 – Comment choisir son agent ?

La première question à se poser, c’est « Ai-je envie de voir mon travail au milieu des autres artistes représentés par cette agence » mais ça peut également être assez paradoxal !

D’un côté, il faut sélectionner des agents en fonction de leur ligne éditoriale (presse, communication de marque, communication institutionnelle), de leurs univers (modernes, graphiques, traditionnels…) et que le style de l’artiste s’inscrive dans cet environnement.
De l’autre côté, il ne faut pas que le style de l’artiste soit trop proche d’un artiste déjà représenté car l’agent ne voudra pas créer de concurrence au sein de l’agence.
Les agents cherchent toujours à élargir leurs palettes de compétences… Et donc peut-être faire un pas de côté par rapport à leurs univers de prédilection.

En parallèle, l’illustrateur peut contacter directement les artistes représentés par une agence pour leur demander comment ça se passe et s’ils en sont contents.

Site utile : les Agents Associés. C’est un syndicat d’agents d’artistes (photographes et illustrateurs/trices) qui adhèrent tous à une charte d’éthique et de professionnalisme vis-à-vis des clients, des autres agents et des artistes. 

 

10 – Comment contacter les agents d’illustrateurs ?

Il faut savoir que les agents reçoivent énormément de mails de soumission. Comment sortir du lot ?
– Envoyer un mail court et succinct qui explique pourquoi vous aimeriez rejoindre l’équipe.
– Mettre en avant une liste de vos meilleurs clients et / ou de vos « waouh » références (ça rassure les agents de voir que les artistes ont déjà une expérience et une place sur le marché)
– Communiquer un lien vers votre site, votre compte instagram et joindre quelques visuels en basse définition. 

– S’ils ne répondent pas, il ne faut pas désespérer et les relancer quelques mois plus tard avec d’autres visuels (nouveaux projets / nouveaux clients)

 

Il faut savoir que ce sont plutôt les agents qui démarchent les artistes… Il est donc nécessaire d’être visible sur les réseaux sociaux et ne pas hésiter à interagir avec les agents / les agences. Enfin, il n’est jamais inutile d’essayer de les rencontrer lors d’événements physiques (vernissages, événements pro…) ou de leur envoyer une petite carte postale ou des petits objets sympathiques pour se rappeler à leur bon souvenir !

 

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